top of page
logo_studio-platon_White.png

"Il y a une vraie mutation des modes et choix de consommation."


Etienne Arnoux, Directeur RENOU-GENEVE et repreneur La Communauté du Goût


Etienne a travaillé dans 5 pays: en Inde, Chine, France, Allemagne et finalement en Suisse où il est installé depuis 8 ans. Il cumule 15 ans d'expérience en direction générale et gestion d’activité. Il a travaillé dans différents secteurs toujours liés au retail ou à des activités BtoC.


Gourmet, gourmand et passionné de bons produits, Etienne développe aujourd’hui les activités de Christophe Renou, Meilleur Ouvrier de France, installé à Genève depuis 2017. Parallèlement, il est co-actionnaire de www.communautedugout.com, activité qu’il a reprise et digitalisée en 2020, rejoint par son associé Renaud Ondel en 2021.


Etienne est marié et papa de 2 enfants, diplômé d’un Master en Management de l'emlyon.




Quels sont vos enjeux actuels et comment les adressez-vous ?


Les deux enjeux majeurs sont l'engagement des collaborateurs et la croissance du retail face aux nouveaux modes de consommation.


Le premier enjeu, celui des RH, est d’être capable d'embarquer tout le monde dans le projet d’entreprise, face à un égoïsme un peu naturel et sociétal ambiant.

J’aime bien comparer les entreprises à des avions, les entrepreneurs construisent ces avions quand ils créent leur activité, puis quand ils sont prêts en bout de piste de décollage, il faut des réacteurs qui sont finalement chaque individu qui aura rejoint l’aventure.

Pour les grands groupes, quand 100.000 individus constituent les réacteurs, l'avion peut voler aisément et 1 réacteur moins engagé a peu de poids sur la masse. En revanche, quand 20 personnes constituent les réacteurs, l’impact et la nécessité d’engagement de chacun est une question de survie. Il faut faire en sorte que chacun et chacune soit le plus exigent dans ses tâches au quotidien car plus l’entreprise est petite, plus l’impact de moindre implication est fort sur l’activité.


Ensuite, le second enjeu est lié au retail, dont le développement se complexifie car il y a une vraie mutation des modes et choix de consommation. Les gens ont une préférence pour les loisirs digitaux, le smartphone greffé à la main ou Netflix à la maison.  Les priorités actuellement se font plus sur du e-commerce, du streaming que sur des produits de quotidiens de qualité, comme une très bonne pâtisserie ou un beau produit de qualité proposé par des producteurs qui véhiculent des valeurs.

L’entreprise va donc devoir travailler son image, sa notoriété et essayer d’émerger absolument pour émerger et ainsi générer du chiffre d’affaires. Et cela demande beaucoup de travail, avec des moyens limités.



Comment imaginez-vous leurs concrétisations dans 3/5 ans ?


J’ai une vision presque philosophique et personnelle des choses. Les questions essentielles sont les suivantes : « en tant que dirigeant, suis-je quotidiennement capable de maintenir le rythme ? Comment puis-je pivoter ou impacter les décisions pour atteindre cet horizon ? Quel timing je me donne ? Comment je me sens ? ».

J’ai toujours gardé en tête mon mémoire de fin d’études qui portait sur l'évolution du rôle du fondateur ou dirigeant en fonction de la croissance de son entreprise. C’est un vrai enjeu à prendre en compte dans la perspective suivante : « quels sont mes moyens et ressources que je mets à disposition de l’entreprise ? Comment je compense une faiblesse, un manque de l’entreprise ? ». Il s’agit d’un enjeu du quotidien, qui définit le moyen et long terme.


Et puis, je suis très attaché à la notion de moments de vie. Par exemple, votre cas est parlant car vous avez pris quatre mois pour prendre le temps, voyager, passer du temps en famille, vous reposer. Le luxe de prendre le temps est tellement précieux car vous en sortez grandi et lucide. Dans mon cas personnel, j’ai pu, lors d’une période de break, m’engager pour la reprise de Communauté du Goût, puis mon associé a repris la direction opérationnelle "en m’utilisant" comme sparring partner, et aujourd'hui cela porte ses fruits.

Dans le cadre du développement de RENOU-GENEVE, j’ai pris l’avion en route car Christophe est installé depuis 7 ans, mais toujours en devant gérer l’imprévisibilité du retail, qui fait partie de notre chemin… et en essayant d’en tirer le meilleur, toujours !

 


Quelle a été la création de valeur de la transformation digitale dans votre entreprise ?


Il existe une dichotomie entre mes deux activités actuelles. Quand j’ai repris La Communauté du Goût, l’e-commerce n’existait pas, j’ai créé le site www.communautedugout.com de zéro puis on a racheté une boutique physique qu’on a pluggé à l’e-commerce. Or traditionnellement c'est l'inverse, on a inversé la création de valeur !

Concernant RENOU-GENEVE, par essence la marque est prioritairement présente à travers les boutiques car le produit, la  pâtisserie, ne voyage pas ou très peu, idem sur le chocolat, qui est un produit assez fragile. Concernant la transformation digitale, j’ai plutôt envie d’accentuer mon propos sur le digital en propre car c'est un sujet à continuer d’explorer et sur lequel investir. Pour nos équipes, il va s’agir de la gestion quotidienne avec les outils efficaces pour gagner en productivité grâce à l'automatisation. Puis il va s’agir d'aller chercher des opportunités d’e-commerce évidemment et enfin continuer créer du lien et des expérience sur nos réseaux sociaux.

 


Quelles sont les difficultés et questionnements que vous rencontrez dans la mise en place d’initiatives environnementales et sociales ?


Sur les deux sociétés dans lesquelles je suis impliqué, il s’agit d’un sujet d’ADN.

Sur La Communauté du Goût cela fait partie des points d'ancrage, à l’image de la reprise du slogan du mouvement Slow Food, à savoir : « Bon, propre et juste » : le bon, le produit au bon goût, « propre » pour l'environnement et juste pour la rémunération du producteur.

Sur RENOU-GENEVE, nous agissons de manière moins visible car c'est le Chef qui va prendre le relais avec la maîtrise pâtissière et l'image d'un M.O.F. tant sur le choix des matières premières, à savoir le maximum en local avec des fruits de saison ou d’autres produits locaux au maximum.

Concernant les enjeux sociétaux, je suis convaincu que les grandes entreprises ont un rôle à jouer car la force de frappe est démultipliée.

A notre échelle, c’est un management du quotidien : cela se traduit par l’échange avec nos collaborateurs. On leur dit systématiquement : « si un sujet personnel impacte votre vie professionnelle, on est à l’écoute et à disposition pour trouver des solutions ».

Nous menons également des actions comme Octobre Rose : nous produirons une gamme de produits dans le but de récolter des fonds pour soutenir cette cause.

 


Comment gérez-vous la tension et la pénurie de talents ?


Nous avons un effet d'aubaine à Genève grâce aux frontaliers. Il y a une sorte de microclimat car les candidats triplent leur salaire à 15 km de leur domicile.

En revanche, il y a un sujet RH sur l’implication et l'exigence, dont j’ai parlé plus haut.

 


Quelle est votre perception de l’IA ?


Pour paraphraser une citation business célèbre « J’entends parler partout d’IA sauf dans les chiffres de la productivité »… Ma réflexion est plutôt un questionnement : s’agit-il d’une réelle nouvelle révolution technologique ou est-ce la continuité, l'amélioration de procédés techniques déjà enclenchés ?

Je souhaite surtout que jamais l’IA ne supplante l'intelligence humaine, notamment les valeurs de cœur.

 


Le livre, le film et le lieux qui continuent de vous inspirer ?


Je trouve que le film « La ligne verte » est extrêmement émouvant. Cela est certainement lié aux valeurs à la fois de justice et d’amour universel, Agapé, que partage le film.


La montagne est un lieu qui globalement m’inspire car c’est un savant mélange de puissance et de tranquillité. C’est un véritable oxymore capable de se déchaîner ou d’une tranquillité absolue, qui symbolise un peu tous les moments de la vie.


Pierre Servent, un journaliste français expert en stratégie militaire m’inspire énormément. C’est mon côté amoureux de la France car j’aime la France et j’ai envie qu’elle se redresse. Pierre Servent dans « Le complexe de l’Autruche » propose un diagnostic des défaites françaises et tire le fil des conséquences avec les faiblesses de la France aujourd’hui.  « L’art de la guerre » également de Sun-Tzu, qui souligne par exemple l’importance de connaître son adversaire avant de la combattre.

 


Votre devise ?


Du bonheur du monde dépend notre bonheur.

Et cela je le pense encore plus fortement aujourd’hui, compte tenu du contexte géopolitique et économique difficile dans lequel nous nous trouvons. Mais l’enthousiasme, le bel état d’esprit et les messages formidables des Jeux Olympiques de Paris nous ont rappelé que tout est possible.

Comments


bottom of page